KIKK Festival

Le dernier projet de Refik Anadol sur la matérialité du souvenir. Melting Memories offre un nouveau regard sur le potentiel représentatif résultant du croisement de la technologie de pointe et de l’art contemporain.  En présentant plusieurs projets interdisciplinaires qui transposent ce processus fugace qu’est le souvenir en collecte de données, l’exposition plonge les visiteurs dans la vision créative de la « mémoire » par Anadol.

Selon le philosophe américain John Dewey, la science fournit des explications alors que l’art leur trouve une expression (« Science states meanings; art expresses them »). Il établit ainsi une étrange distinction entre ce qu’il considère comme les principaux moyens de communication dans ces deux disciplines. Dans Melting Memories, Refik Anadol propose au visiteur des œuvres contemplatives qui permettront de répondre à la thèse de Dewey.

Avec des peintures de données, des sculptures de données augmentées et des projections de lumière, le projet intégral marque le début de nouvelles avancées technologiques offrant au visiteur une interprétation esthétique des mouvements mécaniques au sein du cerveau humain. Chaque œuvre est le résultat d’expériences impressionnantes menées par l’artiste sur les technologies de pointe au sein du laboratoire Neuroscape de l’Université de Californie à San Francisco. Neuroscape est spécialisé dans les neurosciences. Le laboratoire travaille sur la création technologique et les recherches sur les fonctions cérébrales chez les individus sains et présentant des déficiences. Anadol rassemble des informations sur les mécanismes neurologiques propres au contrôle cognitif à l’aide d’un électroencéphalogramme qui mesure les variations des ondes cérébrales et fournit la preuve du fonctionnement du cerveau au fil du temps. Ces données sont à la base des algorithmes uniques que l’artiste utilise pour créer les structures visuelles pluridimensionnelles présentées.

Les installations d’Anadol sont aux confins de la technologie de pointe et de l’art. Elles mettent aussi en exergue l’étude de la mémoire humaine de l’Ancienne Egypte à Blade Runner 2049. L’exposition s’intitule « Melting Memories ». Ce titre fait référence aux interconnexions inattendues que l’artiste a mises en lumière entre les travaux philosophiques précurseurs, les recherches universitaires et les œuvres d’art axées sur la mémoire. Il attire par ailleurs l’attention sur la fusion de la neuroscience et de la technologie dans ces débats philosophiques séculaires, s’interrogeant sur l’émergence d’un nouvel espace où l’intelligence artificielle ne met pas à mal l’individualité ou l’intimité.